Une
des comédies à l’affiche depuis quelques semaines, Toute première fois, de Maxime
Govare et Noémie Saglio (photo
1) montre un visage moderne de notre société. Voici qu’un homosexuel tombe
amoureux d’une femme. Bon. Mais, cette histoire de coming out inversé affiche
aussi, mine de rien, une autre forme de modernité, celle de l’évolution colorée
du vêtement masculin. Les pantalons sont désormais jaunes (curry pour les plus
timides), rouges magenta ou bleus cyan. L’audacieux bleu marine n’a qu’à bien
se tenir ! Ce que les costumiers du film ont bien su capter, c’est la mode
de la rue, car loin d’être une mise en scène imaginaire, de plus en plus
d’hommes, portent désormais ces couleurs … un peu comme au Moyen Age,
d’ailleurs.
Un
cran au-dessus, Christian Lacroix au Musée Cognac Jay, nous offre une vision
lumineuse et atypique du costume masculin. Que ce soit la redingote du XVIII éme
siècle revisitée en rose fuchsia (photo 2), le costume composée de multiples
tissus, dont un brocart de Walter Van Beirendonck, issu de la collection
personnelle de Christian Lacroix (photo 3) ou la composition automnale
mélangeant pantalon à carreaux, chemise de cotonnade à motifs cachemire, veste
chargée de motifs cramoisis et écharpe jaune et grise (photo 4), le vêtement d’homme
se charge de couleurs et d’imprimés plutôt chatoyants.
Il
faut tout particulièrement noter le commentaire du panneau de la salle où se
trouve la redingote rose. Est présentée comme une relation de cause à effet, le
costume et l’émergence de l’individu. Dans ce XVIII éme siècle où un nouvel
ordre social est en train de se mettre en place, le costume accompagne le
mouvement et s’affiche, comme cela a été le cas si souvent, d’un message
politique. L’individualité est matérialisée, exprimée par l’habillement. La
dernière loi somptuaire datant du règne de Louis XIV, le champ d’expression par
l’apparence est désormais libre. On voit d’ailleurs mal comment circonscrire ce
constat au seul XVIII éme siècle …
L’évolution
contemporaine colorée du vêtement masculin serait-elle annonciatrice d’une
nouvelle ère sociologie ?
C’est
en tout cas, un aspect inattendu de la parité.