Ces quelques posts se veulent une observation du quotidien de nos couleurs.

Elles sont omniprésentes même si nous n’y prêtons pas forcément attention. Les couleurs qui nous entourent nous paraissent normales, peut-être même banales.
Et pourtant, le choix d’une couleur n’est que le résultat d’une longue histoire et d’un processus complexe.

L’association des couleurs l’est encore plus en ce sens que l’acceptabilité d’une harmonie de couleurs varie en fonction du temps et des lieux. Ainsi le bleu, inexistant, dans l’Antiquité, est aujourd’hui la couleur favorite des européens (lire à ce sujet « le bleu » de Michel Pastoureau – Editions du Seuil 2000).

Par conséquent, loin d’être stables et normatives, les couleurs nous accompagnent dans notre quotidien et constituent une terre où se mêlent histoire, symboles et esthétisme.


Bienvenu au pays de la couleur !













vendredi 22 juillet 2016

LE SENS DU BLEU MARINE




Pour les occidentaux, nul doute que le bleu marine renvoie à l'ordre, à la puissance publique et à l'autorité. Les gendarmes sont en bleu marine; tout est dit.
Tout ? Pas vraiment.

En effet, en d'autres temps et en un autre lieu, le bleu marine a exprimé un sens, voire une action tout à fait inattendu.
Lorsqu'il Istanbul n'était pas encore la ville moderne que l'on connaît aujourd'hui, les gens attachaient à leur fenêtre un tissu de couleur bleue marine pour prévenir le marchand d'eau potable que l'eau manquait et qu'il devait venir livrer.
Une version pragmatique du bleu marine.

Source : le livre noir d'Orhan Pamuk - page 361

mercredi 17 février 2016

LA COULEUR COMME RENAISSANCE


La forêt de Teutobourg



Chemin de la sagesse du monde



Les colonnes


Sulamith







 ....... Et vient la Renaissance


Böse Blumen


Le dormeur du val


Alors que son père était officier dans la Wehrmacht, Anselm Kiefer a lutté toute sa vie contre l’oubli du passé nazi en Allemagne et a développé une véritable « poétique des ruines ».
L’opposition des couleurs sert le propos car la gamme de noirs et de bruns renvoie à la noirceur du passé alors que la couleur exprime le renouveau de la vie. L’œuvre de Kiefer n’est pas que terre brûlée et fantômes. Il pense aussi régénération, et ce sont des couleurs vives et tendres qui l’illustrent où le noir est exclu. Avec Alselm Kiefer, la symbolique des couleurs n’a jamais été aussi percutante.   

lundi 15 février 2016

WIFREDO LAM : UN SIECLE DE COULEURS



Autoportrait vers 1938

La Ventana

Dessin collectif (André Breton, Wifredo Lam et d'autres)

Dessin collectif (André Breton, Wifredo Lam, Victor Brauner, Max Ernst, André Masson, Oscar Dominguez ....)

La jungle

Autel pour Elega



La Fruta Bomba

Alors que les peintres peuvent parfois être dans des gammes de couleurs spécifiques ou en tout cas remarquées, Wifredo Lam semble n’en écarter aucune. De son autoportrait qui rappelle la période bleue de Picasso au « Présent éternel » qui puise dans les tonalités de Braque, rien n’est exclu. Les couleurs peuvent se faire tendres dans les dessins collectifs, entre l’enfance et le rêve.
Etonnant également la « Fruta Bomba » dont la délicatesse des formes laisse entrevoir un fond coquille d’œuf à peine esquissé. Les quelques 300 œuvres présentées au Centre Georges Pompidou sont comme un condensé de l’art du XX éme siècle, teinté des influences cubaines de Wifredo Lam.

jeudi 11 février 2016

LORSQUE LA COULEUR EST PROBLEME




Pour les amoureux de la couleur, les propos retracés dans le film de Roschdy Zem sont désolants car véridiques. L’histoire de cet homme noir qui a connu l’esclavage est aussi celle d’une époque ; celle où rabaisser une personne de couleur était considérée comme normal ; celle où la définition d’un homme ne se résumait qu’à sa couleur de peau …. même si, au fond, nous sommes tous des anciens noirs.

jeudi 24 décembre 2015

VACHES ROSES ET VISAGES BLEUS












Dans le monde d’Andy Warhol, tout est permis. Les flowers de toutes les couleurs semblent bien banales à côté des Mao jaune à fond rose ou vert à fond rouge. Les vaches sont également roses et jaunes et le visage de Jacky Kennedy bleu. C’est ce champ des possibles qui semble n’avoir aucune limite, qui créée une poésie moderne et sensible. Les couleurs sont franches et s’assument pleinement, comme décomplexées. Le rose est bonbon, le jaune canari et le vert prairie.
L’univers hyper coloré de Warhol est désopilant car tout y est imaginable, sans tabou, ni limite. Il va même très loin car sa fameuse Factory puisque la couleur argent est utilisée comme porte d’entrée à l’immatérialité de la vie ….. rien n’est impossible, on vous dit !
Avec en prime la collections des shadows complète qui permettent de prendre connaissance des couleurs préférées de Warhol.


lundi 21 décembre 2015

CINQUANTE NUANCES DE BEIGE


Couverture du catalogue de l'exposition


Robe d'intérieur de Worth


Robe byzantine de Worth


Manteau de Jeanne Lanvin



Robe de garden party de Worth



Robe de grand soir de Jenny


Ensemble du soir de Nina Ricci


Visiter l’exposition portant sur les costumes de la Comtesse Greffule au Palais Galliera, c’est pénétrer dans un espace d’élégance.
Des tissus, des coupes qui étranglent la taille, des drapés bien sûr, mais aussi des couleurs. La comtesse Greffulhe issue d’une lignée prestigieuse et qui a conclu un mariage malheureux, s’est mise en scène toute sa vie. Le vêtement a été un des vecteurs de cette mise en scène, presque une arme, car elle n’a pas suivi les modes, elle a contribué à les créer.
Les couleurs vives sont frappées d’interdiction. Quand il y a du rose, celui-ci est éteint ou pétale, très clair et poudré. Quand il y a du vert, il est sombre et saturé comme le sont les verts anglais. Le noir est quant à lui très présent, particulièrement pour les robes de soirée.
Les journaux de l’époque ne manquent pas de commenter les tenues comme dans Le Gaulois en 1894 : « la robe est de soie lilas rosé, semé d’orchidées, et recouverte de mousseline de soie de même nuance, le chapeau fleuri d’orchidées, et tout entouré de gaze lilas. »
Ce qui étonne le plus, ce sont les tonalités de beige déclinées de mille façons : l’ivoire, le grège,  le beige medium, foncé, mordoré, or,  … Ces nuances sont d’autant plus réussies qu’elles jouent avec les tissus (satin, voile de soie, maille de laine, mousseline de soie) apportant ainsi tantôt brillance et légèreté. Les broderies ne sont pas en reste, faisant de certaines pièces de véritables trésors d’artisanat. La robe dite byzantine portée pour le mariage de sa fille Elaine en est un exemple époustouflant.

Les photos et la citation du « Gaulois » sont issus du catalogue de l’exposition « La Mode retrouvée – les trésors de la comtesse Greffulhe  » Paris Musées


jeudi 10 décembre 2015

" LA COULEUR EST L'UNE DES GRANDES CHOSES DE CE MONDE QUI FAIT QUE LA VIE VAUT POUR MOI LA PEINE D'ETRE VECUE " GEORGIA O ' KEEFFE

 
Plaquette de l'exposition sur fond de l'ouvrage de Britta Benke "O'keeffe"
Edition Taschen

 
Musique rose et bleu


 
Iris clair

 
Rouge, jaune et bande noire


Précurseur une fois encore, le Musée de Grenoble offre pour la première fois en France une rétrospective de Georgia O’Keeffe, artiste majeur du XX éme siècle sur le continent américain.

Abstraite ou légèrement figurative la peinture de l’artiste est « la tentative de créer un équivalent du monde avec la couleur – la vie comme je la vois ». C’est ainsi que Georgia O’Keeffe, qui est la peintre de son environnement saisi avant tout la couleur, du jaune des paysages du Middle West de son enfance à l’influence des couleurs de la photographie : « je crois que vous autres, les photographes vous m’avez fait voir, ou plutôt fait sentir des couleurs nouvelles ».

Et qui sait, peut-être ce regard conserve t-il, puisque Georgia O’Keeffe a été quasiment centenaire ….